Ivorian artist Nuits Balnéaires | a leading visual voice of young Côte d’Ivoire - Bubblegum Club

Nuits Balnéaires, artiste Ivoirien | un acteur principal de la jeune scène visuelle Ivoirienne

*This article has been translated thanks to the support of the French Institute of South Africa (IFAS)

*Cet article a été traduit grâce au soutien de l’Institut français d’Afrique du Sud (IFAS)

Dadi est un artiste visuel Ivoirien et un directeur artistique installé à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire. Nuits Balnéaires est son nom d’artiste ainsi que celui de son actuel grand projet inspiré d’un poème dont il est l’auteur. Balnéaires utilise la poésie, l’esprit des eaux, la nature, des nuits sur l’océan et ses propres recherches et observation des civilisations comme inspiration dans son travail. Quand il explore les mers et les paysages le long de la côte Ivoirienne, il imagine et pense souvent aux siècles d’histoire que ces paysages et mers ont vu passer. Balnéaires réalise des œuvres en jalonnant l’ordinaire du quotidien avec du pathos et des connaissances approfondies sous un angle émotionnel, sentimental et auquel l’on peut s’identifier. Il tente également de découvrir à travers la photographie « comment le passage du temps et l’impact humain (pollution, création et le développement d’infrastructures) continue de transformer les côtes [Ivoiriennes] ». Sa dernière série s’intitule Scent of Appolonia  – dans laquelle l’artiste et photographe retourne dans le quartier où il a grandi – et regorge du langage visuel sentimental propre à Balnéaires. Des instants immortalisés et peints à la lumière sont remplis d’affect intime. La série est décrite comme :

L’immortalisation des souvenirs, de la poésie et de la piété que l’artiste a pu observer dans ces paysages. À travers cette œuvre, l’artiste rend hommage et illustre son propre parcours spirituel en Appolonie (la terre d’Apollon – N’zima, qui occupe le littoral d’Axim à Grand-Bassam depuis le 13e siècle).

Lorsque je contemple son travail photographique, je suis prise d’envie de voyager et me remémore mon propre voyage en Côte d’Ivoire, à Abidjan en 2018. Je me souviens de l’immensité de la ville, non seulement en termes de territoire géographique, de population et de possibilités, mais aussi en termes d’imaginaires créatifs palpitants. Ce sont ces pensées qui m’ont amenée à interviewer Nuits Balnéaires. 

Il y a une certaine poésie dans votre choix de nom d’artiste, Nuits Balnéaires, qui se traduit par seaside nights en anglais. Dans votre biographie vous évoquez un de vos poèmes comme l’inspiration de ce nom et que vous vous inspirez de l’esprit des eaux, de la nature et de la nuit dans votre travail. Les éléments naturels dans lesquels votre nom est ancré ; la mer et la nuit, me font penser à un secret, une communion spirituelle, la sensualité ou encore à une énergie créatrice dangereuse et évocatrice. Qu’est-ce que ces concepts signifient pour vous et pourquoi avoir choisi Nuits Balnéaires comme nom d’artiste ?

Nuits Balnéaires: En effet le nom Nuits Balnéaires provient d’un poème qui m’est venu un soir comme une révélation. C’est un poème sur la dépression, le cataclysme, les moments difficiles et la paix retrouvée. J’ai eu une vision d’un regard vers l’horizon et de catamarans miniatures naviguant dans les nuits balnéaires de Sao Tomé et Principe. C’est un poème qui rappelle ma fascination avec l’énergie et l’esprit du Golfe de Guinée et cet espace où je trouve mon équilibre. Je ressens fortement le spirituel, d’où l’omniprésence de l’eau et de la mer dans mon travail. Le terme Nuits Balnéaires exprime la quintessence de ce sentiment – cet espace où les éléments naturels puisent leur énergie.

Diriez-vous qu’il existe des sentiments et des sensibilités affectives, thématiques ou d’exploration dans vos photos ?

Nuits Balnéaires: La photographie est vraiment un outil pour partager la sensibilité que j’ai en moi et chaque œuvre représente une pièce d’un immense puzzle qui tente de répondre aux questions culturelles, existentielles et spirituelles que je me pose. Je suis fasciné par des sujets comme la mort, l’au-delà, ainsi que les mouvements et l’évolution des civilisations le long du littoral du Golfe de Guinée. En 2019, j’ai déménagé à Grand-Bassam, la première ville coloniale de Côte d’Ivoire, mais aussi un centre historique et culturel important de la région. C’est là-bas que les premiers contacts, échanges et traités ont eu lieu entre les colons et les Rois de cette terre. Mon travail ici me permet de comprendre les mécanismes qui ont mené à la civilisation Ivoirienne actuelle et de faire exploser les frontières géographiques héritées de la colonisation. Par exemple dans mon œuvre récente Scent of Appolonia, je rends hommage à l’Appolonie, un royaume oublié qui s’étend d’Axim (au Ghana) jusqu’à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire. 

L’an dernier, votre duo avec Bayo Hassan Bello, NOMMOS, faisait partie des lauréats du Goethe Institut and Prince Claus Fund. Vous y aviez soumis votre film expérimental Death is the space that nature needs to be alive à la suite d’un appel à projets pour l’aide aux réponses culturelles et artistiques au changement climatique. Pouvez-vous en dire plus sur l’approche de la conception du film ? Et sur la manière dont votre méthode créative vous permet de vous exprimer artistiquement ?

Nuits Balnéaires: L’idée était de développer quelque chose s’inspirant du contexte historique et culturel de Tanokoffikro. Plusieurs archives familiales et folkloriques apparaissent dans l’œuvre. Ce sera certainement le fruit du dialogue entre nos regards complémentaires sur la vie et l’importante et brillante expérience de Bayo Hassan Bello en tant que conservateur qui auront un impact sur le résultat final. 

Les idées d’État-Nation et de mémoire sont inextricablement liées. Cependant, notre relation avec la mémoire devenant Histoire a tendance à renoncer aux petits détails comportant le lyrisme du quotidien : les détails affectifs d’un espace et d’un endroit tels que ce que l’on entend, ce que l’on voit et ce que l’on goûte, etc. Quelles sont vos souvenirs les plus frappants sur le fait de grandir en Côte d’Ivoire comment ces souvenirs liés à votre pays affectent/participent à la création de votre langage visuel et créatif ?

Nuits Balnéaires: Les voyages entre Abidjan et Grand-Bassam avec mon père ont beaucoup influencé mon esthétique et ma sensibilité. Ce sont des instants que je chéris encore aujourd’hui. Nous faisions souvent de longs voyages lors du coucher du soleil avec de magnifiques paysages – j’étais déjà obsédé par les couleurs et les formes à ce moment-là. Lors de ces voyages, on écoutait souvent de la rumba, du highlife, de la salsa et parfois Mozart ou Beethoven à la radio. Cet éclectisme culturel Ivoirien est fondamental et très présent autant dans mes créations que dans la scène locale. En observant des créatifs tels que Kader Diaby (Olooh), Asna et Anta (Kaalag), Aristide Louah (Kente Gentlemen), Keren Lasme (Iefo) ou Lafalaise Dion, on découvre rapidement la multitude de techniques différentes et les différentes influences. C’est un pays où les influences abondent d’une scène artistique en pleine effervescence. C’est ça la Côte d’Ivoire pour moi, une terre riche d’un multiculturalisme précieux. 

Quels sont vos photographes préférés travaillant actuellement sur le continent africain ?

Nuits Balnéaires: Kader DiabyJoana Choumali, Maimouna Gueresi, Akoh, Keren lasmeNgadi SmartOfoe Amegavi, Flurina RothenbergerEmilie Régnier, Nii Obodai. 

Pouvez-vous parler des soirées La Sunday qui avaient lieu dans le jardin de la Donwahi Foundation à Abidjan, mais qui ont cessé l’an dernier à cause de la COVID-19. Comment ont commencé ces interventions et quel a été l’impact de la perte d’un tel espace de création et d’échanges intenses ?

Nuits Balnéaires: La Sunday est le fruit de l’effervescence culturelle d’Abidjan. Le projet est né d’une collaboration entre cinq amis Ivoiriens : Aziz, Fayçal, Black Charles, Jeune Lio et Lizzie. Il permet aux jeunes de se réunir et c’est l’endroit où plusieurs rencontres et collaborations artistiques naissent. C’est une plateforme qui a mis en lumière la scène locale ces dernières années, autant au niveau local que régional parce que La Sunday s’est exporté au-delà des frontières. 

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