A Tribe Called Story | self-dubbed modern day silver screen griots - Bubblegum Club

A Tribe Called Story | Ils se surnomment les griots modernes du grand écran

*This article has been translated thanks to the support of the French Institute of South Africa (IFAS)

*Cet article a été traduit grâce au soutien de l’Institut français d’Afrique du Sud (IFAS)

Hey Bonita, glad to meet ya
For the cunning, stunning you, miss, I must beseech ya
Hey, being with you is a top priority
Ain’t no need to question the authority
Chairman of the board, the chief of affections
You got mine’s to swing in your direction
Hey, you’re like a hip hop song, you know?
Bonita Applebum, you gotta put me on

Ces rimes sont signées Q-Tip, rappeur décontracté et honnête s’adressant aux femmes aux yeux compliqués (« elaborate eyes… ») sur un sample mélancolique tiré de « Daylight » (1977) de Ramp, les protégés de Roy Ayers, et ponctué d’un plan de sitar tiré de « Memory Band » (1967) de Rotary Connection. Ce couplet, provenant d’un morceau du grand classique d’A Tribe Called Quest (ATCQ) People’s Instinctive Travels and the Paths of Rhythm, sorti en 1990, et plus particulièrement les premiers temps de l’intro du morceau quand Tip fredonne « Do I love you ? Do I lust for you ? Am I sinner because I do the two ? », font sans doute parti des paroles hip hop les plus reconnaissables dans le monde – ce qui fait d’A Tribe Called Quest, et l’influence de leur discographie géniale sur les arts sonores, des piliers de l’H/histoire du hip hop. Aluta Qupa et Thembalethu Mfebe, co-fondacteurs d’A Tribe Called Story et anciens de la MultiChoice Talent Factory, nous font part de leur parcours et des intentions qui les motivent dans leur travail – le nom de leur société en hommage au groupe de hip hop légendaire semble de plus en plus logique. Étant l’un des groupes de hip hop les plus appréciés, « l’approche d’ATCQ envers la musique rap connue pour ses ambiances sonores jazzy et ses paroles afro centrées, est en grande partie responsable de la popularité d’un nouveau genre » qui a dominé le son des deux côtes américaines au début des années 90. De plus, les problèmes sociopolitiques complexes et de grande envergure auxquels font face les noirs américains abordés par les rappeurs Q-Tip et le défunt Phife Dawg ont fait fort écho chez leur public. Avec la production de trois films diffusés sur Mzansi Magic aux heures de grande écoute dont Umqhele, Unkosikazi Wokuqala et Moratuwa, ainsi que la série dramatique de treize épisodes Impilo: The Scam, encensée par la critique, A Tribe Called Story a pour but de représenter à l’écran des histoires trouvant un écho parmi les jeunes noirs Sud-Africains explorant le monde d’aujourd’hui. Étant artistes du moment chez Bubblegum Club, j’ai rencontré A Tribe Called Story pour l’interview ci-dessous.

Qu’est-ce qui a mené à la formation d’A Tribe Called Story (ATCS) et quelle était votre vision fondatrice ?

Aluta: Ce qui a mené à la formation de notre société de production fut notre rencontre entre Themba et moi lors d’un stage à la MultiChoice Talent Factory SA (MTFza) en 2015. Après avoir reçu cette opportunité, nous avons repéré un manque d’écrivains jeunes dans cette industrie – la plupart des sociétés de productions existent depuis longtemps. On s’est donc dit qu’il était temps pour nous de travailler ensemble en tant que réalisateur et productrice afin de raconter nos propres histoires portées sur la jeunesse, et nous y voilà.

Thembalethu: La vision fondatrice d’ATCS est la suivante ; ma partenaire et moi étions à la Talent Factory ensemble, où nous étions sur une bonne lancée avec la création d’histoires passionnantes et on souhaitait [continuer à raconter] d’autres histoires avec des personnes cools [avec qui on voulait collaborer]. On voulait lancer une sorte de « tribu » tout en racontant des histoires sud-africaines, on se voit comme des griots Africains des temps modernes.

Pouvez-vous raconter votre expérience à la MTFza et le fait d’avoir fait partie du programme ?

Aluta: C’est une question très difficile… Faire ce stage est une expérience qui a changé ma vie. Je sortais tout juste de l’université et je dirais que c’était mon premier « job » – on a eu l’opportunité d’aller chez des maisons de production pour voir comment elles fonctionnent. Je me suis rendu compte que le processus de production, de l’écriture d’une histoire jusqu’à son résultat à l’écran, était en réalité bien différent de ce que j’avais pu apprendre à l’université – c’était de l’expérience pratique. Cela a renforcé mon souhait d’être productrice – ce que je suis maintenant – je pense que si je n’étais pas passée par là, j’aurais mis plus de temps à trouver ma vraie passion et ce que je souhaite réellement faire dans cette industrie. Nous avons pu rencontrer des grands noms de l’industrie comme Shona Ferguson, on est allé voir BOMB Productions, on a vu Clive Morris. Donc en tant que productrice j’ai pu apprendre le rôle de chaque personne dans le monde de la production grâce à des guides différents.

Diriez-vous qu’il existe suffisamment d’informations, de ressources et d’institutions favorisant l’initiation à la production cinématographique et télévisuelle en Afrique du Sud, comme l’exposition des gens à des fonctions dans l’industrie autres que la réalisation ou l’écriture ?

Aluta: Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’informations disponibles aux personnes souhaitant intégrer l’industrie. Je me souviens qu’après avoir obtenu mon diplôme, je paniquais parce que je ne savais pas où aller ni quoi faire ou même ce que je voulais vraiment faire. Je pense donc que nous avons besoins de plus de programmes de soutien aux jeunes diplômés qui les aident à combler l’écart entre l’université et l’expérience professionnelle. J’[aimerais] qu’il y ait plus d’initiatives comme la MTFza parce que tellement de gens apprécieraient ce type d’expérience immersive.

Vous dites que vous vous voyez comme des « griots Africains des temps modernes ». A quoi ressemble un « griot Africain des temps modernes », ou plutôt quelle est pour vous la forme moderne du griot Africain – qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Thembalethu: Pour mois, les histoires ont toujours été une manière de rassembler les gens autour d’un feu et de les réchauffer. Et donc dans notre contexte, au lieu de créer le feu de camp, on amène notre public a [se rassembler] autour de l’écran et on [accompli] cela grâce à une caméra. [Au fond], on veut toujours raconter des histoires qui font que les gens se sentent réchauffés à l’intérieur d’eux-mêmes.

Est-ce que les histoires que vous racontez sont clairement ancrées dans le contexte sud-africain ou bien circulent-elles entre différents pays Africains et leurs diasporas ?

Thembalethu: [Aujourd’hui, on raconte] des histoires sud-africaines parce qu’on se voit de cette manière. Mais on adorerait [un jour] raconter des histoires qui évoquent [le continent]. Je crois aussi qu’il n’y a pas tant de différences entre nous sur l’ensemble [du continent] – une histoire filmée au Sénégal ou au Kenya peut très bien trouver un écho en Afrique du Sud. Notre société de production souhaite surtout mettre l’accent sur les jeunes en ce moment parce qu’on fait aussi partie de cette jeunesse – on pense qu’il est mieux de raconter des histoires qui nous paraissent vraies. Aujourd’hui on voit en majorité nos aînés sur nos écrans. On souhaite donner une chance aux jeunes de se voir représentés à l’écran, ce qui est plaisant. Et au final on va vieillir, de même pour notre public [avec qui nous souhaitons partager cette expérience]

CRÉDITS

Photographie: Jamal Nxedlana
Esthétique: Lebogang Ramfate
Maquillage: Aimee (Bobby) lokota
Coiffure: Israel
Thembalethu Mfebe porte: T-shirt et pantalon de chez Rich Mnisi, chaussures de chez adidas
Aluta Qupa porte: trench de chez Rich Mnisi, chaussures de chez Styled by Boogie

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